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IRO et CSRD, entre défi et opportunité
Anne-Laure Simon
Malgré les récentes tergiversations au niveau européen et national, la CSRD ayant été transposée il y a plus d’un an, elle s’applique en France et les premières entreprises concernées s’apprêtent à publier leur premier rapport.
La CSRD a principalement pour ambition et intérêt pour l’entreprise de travailler sur son modèle d’affaire, sa chaine de valeur et sur sa stratégie d’entreprise en intégrant les sujets de durabilité (ESG)
Intégrer la durabilité : une opportunité stratégique à long terme
De la contrainte naît l’opportunité. Reculer sur ces sujets serait contre-productif à moyen terme, car, en réalité, intégrer pleinement la durabilité dans son modèle d’affaires, structurer ses politiques, objectifs, actions, indicateurs et sa capacité à rendre compte est essentiel pour améliorer la résilience d’une entreprise. Au-delà de la pertinence face aux défis écologiques et sociaux, on peut espérer que cela offrira un avantage compétitif sur le long terme aux entreprises européennes. Voir mon article sur le sujet publié il y a un an : L’arrivée de la CSRD : bonne ou mauvaise nouvelle pour les entreprises ? – Agence Déclic
IRO et double matérialité : un chemin escarpé mais nécessaire
Néanmoins, pour avoir « mis les mains dans le cambouis », comme on dit, dans la mise en œuvre de la CSRD, je comprends parfaitement les réticences exprimées par les entreprises ces derniers mois, car on ne peut que reconnaître que le chemin à parcourir est très escarpé, avec peu de visibilité. Avec nos clients, j’identifie un principal point de difficulté qui rend l’exercice complexe : l’identification des fameux IRO.
En partant de l’AR 16 (ESRS 1), dont les sujets sont imposés, il convient de déterminer les Incidences (ou impacts positifs et négatifs), les Risques et Opportunités, et cela sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’entreprise. Nous partons donc d’une liste bien cadrée (AR 16) pour aller vers un champ des possibles quasi illimité : les IRO, sans modèle de rédaction permettant de déterminer le niveau de précision pertinent… Bref, on ne touche plus les bords et on peut rapidement se noyer.
En l’absence de norme sectorielle et d’exemples d’entreprises du secteur, chaque entreprise se retrouve face au vertige de cet horizon potentiellement sans fin. Certains secteurs d’activité ont décidé de mutualiser les réflexions pour préparer une matrice de double matérialité sectorielle afin d’homogénéiser les pratiques et d’éviter que chaque entreprise d’un même secteur parte de zéro. Mais pour beaucoup d’entreprises, ce travail va être réalisé en solitaire et sans assistance, un quasi Vendée Globe !
Conseils pratiques pour définir et structurer vos IRO
Voici quelques conseils pour vous guider :
1. Vérifiez s’il n’existe pas un travail sectoriel déjà réalisé par votre branche professionnelle
Il est possible qu’une pépite se cache dans l’intranet d’un réseau professionnel auquel vous appartenez.
2. Soyez au clair sur votre modèle d’affaires et votre chaîne de valeur avant de commencer la détermination de vos IRO
Il est important d’avoir formalisé son modèle d’affaires, d’abord pour bien déterminer les activités de l’entreprise ou du groupe, qui peuvent parfois être variées et pas si simples à décrire.
La ou les chaîne(s) de valeur doivent également être formalisées pour pouvoir identifier à la fois les activités en amont, en remontant jusqu’à l’extraction des matières premières (minerais, bois, pétrole, par exemple), ainsi que les activités en aval (comme la fin de vie du produit) avec les principales parties prenantes impliquées à chaque étape. Ce travail, rarement effectué dans les entreprises, est particulièrement pertinent à formaliser.
3. Identifiez les sujets, sous-sujets et sous-sous-sujets de l’AR 16 à mettre de côté, car n’ayant pas de lien avec vos activités et/ou votre chaîne de valeur, en justifiant leur non-pertinence
Par exemple, la question des salaires décents dans S1 – Effectifs de l’entreprise, lorsque l’intégralité de vos effectifs se trouve en France, n’est pas forcément à conserver.
4. À l’inverse, pour chaque sujet pertinent, déterminez les IRO en incluant l’amont et l’aval de votre chaîne de valeur.
Vous pouvez vous inspirer des rapports de durabilité des acteurs de votre secteur ayant réalisé leur Déclaration de Performance Extra-Financière ou simplement leur rapport RSE. Consultez également les référentiels internationaux (comme SASB ou GRI), les référentiels sectoriels (par exemple, les déclinaisons de l’ISO 26000), ou encore les connaissances de vos collègues occupant des fonctions clés dans l’entreprise.
Exemples pour le secteur du BTP
AR 16 – E3 – Ressources aquatiques et marines – Consommation d’eau

Exemples d’IRO possibles
Il est tout à fait possible d’identifier plusieurs impacts positifs, négatifs, risques et opportunités pour un même sujet. Toutefois, il est important de veiller à ce qu’un impact positif ne soit pas simplement le miroir d’un impact négatif.
Je m’explique en reprenant l’exemple cité précédemment : la réduction de la consommation d’eau sur les chantiers grâce à un dispositif d’économie d’eau ne constitue pas un impact positif. Il s’agit plutôt de la réduction d’un impact négatif lié à l’activité . Subtil, mais essentiel de faire cette distinction pour éviter de se perdre en multipliant inutilement les IRO.
- Impact = activités de l’entreprise qui dégradent/améliorent les sujets ESG
- Risque/opportunité = sujets ESG qui dégradent/améliorent la performance financière de l’entreprise
Anne-Laure Simon, Codirigeante de l’Agence Déclic. Experte RSE-CSRD
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