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L’arrivée de la CSRD bonne ou mauvaise nouvelle pour les entreprises ?

En ce début d'année, j'avais envie de partager avec vous, mon regard sur l'arrivée de la CSRD qui constitue un véritable "game changer" en matière de durabilité pour les entreprises.
Anne-Laure Simon, co-dirigeante de l'Agence Déclic

De conférences en débats depuis de nombreuses années on entend de la part d’entrepreneurs, de responsables RSE, d’associations, de syndicats, de politiques qu’il manque un système d’évaluation fiable qui permette de comparer les performances extra-financières des entreprises et ainsi trier le bon grain de l’ivraie.

Il existait bien la DPEF pour les grandes entreprises en France ou les labels qui évaluent la maturité des démarches des entreprises et plus récemment la qualité de société à mission, mais pour des raisons diverses aucune ne fait l’unanimité et ne se généralise à toutes les entreprises.

Quand on souhaite évaluer la performance durable de l’entreprise que cherche-t-on à faire exactement ?

  • Améliorer les pratiques de l’entreprise dans une logique d’amélioration continue à minima et souhaitablement de transformation profonde ?

et/ou

  • Permettre un rendre-compte fiable et transparent destiné aux parties prenantes actionnaires, investisseurs, les clients, salariés, candidats pour éclairer leurs choix ?

Dans le premier cas, on va plutôt travailler la « matérialité » c’est-à-dire la construction d’actions pertinentes au regard d’enjeux spécifiques à l’entreprise et à son contexte. On gagne en cohérence avec les réalités de terrain vécues par les équipes et on peut construire un véritable projet d’entreprise, mais on perd en comparabilité avec les autres entreprises.

A l’inverse, une approche de « conformité » basée sur une liste d’indicateurs avec méthode de calcul homogène pour toutes les entreprises permettant la comparabilité, est souvent vécue comme contraignante et réductrice par les entreprises et embarque rarement les foules dans un projet porteur de sens !

La CSRD, tente une approche conceptuelle médiane extrêmement intéressante, à la fois « matérielle » grâce à la description du modèle d’affaires, de la chaine de valeur, la réalisation d’une matrice de double matérialité prenant ainsi pleinement en considération les aspects spécifiques de l’entreprise.

Mais aussi une approche de « conformité » pour toutes les entreprises sur des enjeux (quasi-) incontournables pour tous comme le changement climatique par exemple avec un reporting cadré et très complet, avec d’ici 2 ans une vision également sectorielle.

Je me réjouis de ce « en même temps » qui ne renonce à rien et embrasse la complexité. Mais pour accompagner depuis de nombreuses années des entreprises de toutes tailles et de toutes maturités sur ces sujets, je mesure aussi la double exigence que cela revêt pour elles : il leur faudra être très claire sur leurs enjeux, leurs stratégies de transition et leurs actions concrètes avec une analyse à la hauteur de ceux-ci ET être très rigoureuses et régulières dans la collecte, la fiabilisation et la fréquence de publication des données totalement nouvelles pour beaucoup d’entreprises !

Enfin, l’abaissement très significatif des seuils, fait entrer à termes dans le périmètre près de 50 000 entreprises en Europe, ce représente un challenge très important.
D’aucun dirait, non sans ironie « les US innovent, l’Europe réglemente ». Force est de constater que l’urgence est là, que le monde économique a un rôle crucial à jouer pour réussir la transition grâce à l’innovation bien sûr ! Mais tous les créatifs vous le diront : il n’y a pas moteur plus puissant à la création que les contraintes !

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