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La norme VSME : impacts et leviers du reporting volontaire pour les PME
Fanny Durocher
Avec la possible révision des seuils d’applicabilité de la CSRD dans le cadre de la directive Omnibus, la VSME (Voluntary standard for non-listed micro-, small- and medium-sized undertakings) gagne en importance. Volontaire, accessible et progressive, cette nouvelle norme offre aux petites et moyennes entreprises une première porte d’entrée vers une démarche de reporting ESG structurée, sans subir la complexité du cadre CSRD. J’y décrypte les évolutions réglementaires en cours, les leviers stratégiques que représente le reporting volontaire pour les PME, ainsi que les étapes concrètes pour s’engager dans une démarche de durabilité structurée. Un véritable outil d’anticipation et de valorisation pour les PME qui veulent agir dès aujourd’hui.
Un contexte réglementaire évolutif
La CSRD, le nouveau cadre réglementaire pour le reporting de durabilité
La directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), entrée en vigueur progressivement depuis 2024, impose aux grandes entreprises de publier des informations détaillées sur leurs impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Elle marque un tournant majeur en matière de transparence et de responsabilité des entreprises, notamment en instaurant un cadre harmonisé de reporting de durabilité à travers les normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards).
Cependant, la CSRD a aussi révélé un enjeu de proportionnalité : Comment adapter les exigences du reporting aux tailles des entreprises ? Comment permettre aux PME non cotées, qui ne sont pas juridiquement concernées par cette directive, de s’inscrire volontairement dans cette dynamique sans subir une complexité excessive ?
La Directive Omnibus : vers un reporting simplifié et adapté à toutes les entreprises
C’est dans ce contexte de demande de simplification réglementaire et de réduction des charges administratives qu’est née la Directive Omnibus, adoptée le 26 février 2025.
Cette proposition repose sur trois éléments clés :
- La limitation du périmètre obligatoire du reporting aux entreprises de plus de 1000 salariés, avec une proposition de norme volontaire pour les structures en dehors du champ d’application.
- Une simplification des normes ESRS, avec une réduction du nombre d’indicateurs obligatoires.
- Un report de deux ans pour les obligations applicables aux entreprises non cotées de plus de 1000 salariés et aux PME cotées (validé par le Parlement Européen le 03 avril 2025).
Cette directive Omnibus a renforcé la volonté de pousser le reporting vers un standard volontaire spécifiquement dédié aux PME : la norme VSME. Un outil accessible, proportionné et stratégique.
La norme VSME, une première porte d’entrée vers le reporting de durabilité
Le périmètre de la VSME
La VSME (Voluntary standard for non-listed micro-, small- and medium-sized undertakings)) s’adresse aux micros, petites et moyennes entreprises non cotées. Autrement dit, elle concerne la très grande majorité des entreprises européennes. Son application est volontaire mais elle constitue un cadre structuré pour produire un reporting pertinent, capable de répondre aux attentes croissantes des clients, donneurs d’ordre, investisseurs ou institutions financières.
Une approche modulaire, adaptée aux réalités des PME
- Le module de base constitue le point d’entrée. Il contient 11 indicateurs quantitatifs couvrant les trois piliers ESG. Il est pensé pour les TPE et PME qui débutent dans la RSE ou cherchent à formaliser une démarche déjà engagée.
- Le module complémentaire s’adresse aux structures plus matures. Il enrichit le reporting de neuf publications avec notamment des informations sur le modèle d’affaires durable, la chaine de valeur, les plans d’adaptation, l’inclusion et la diversité.
Cette approche graduelle permet aux PME de monter en puissance à leur rythme, tout en bénéficiant d’un cadre normé, compréhensible et reconnu par les parties prenantes.
Le reporting volontaire, un levier stratégique pour les PME
Répondre aux demandes des donneurs d’ordre, des investisseurs
De nombreuses grandes entreprises soumises à la CSRD doivent désormais collecter des données ESG auprès de leurs fournisseurs. Les PME ont donc tout à gagner à s’outiller pour répondre efficacement à ces demandes. La VSME peut devenir un véritable atout stratégique pour les PME en proposant une méthode claire, progressive et adaptée à leurs moyens.
Un donneur d’ordre soumis à la CSRD exigera des données de durabilité de la part de ses partenaires – c’est donc un levier de maintien ou de conquête de marché.
Les investisseurs, banques ou assurances sont également de plus en plus attentifs aux critères ESG dans leurs décisions. Une PME capable de démontrer sa performance extra-financière sera mieux positionnée pour obtenir des financements, sécuriser ses relations et valoriser son image.
Un levier de structuration et de pilotage interne
La norme VSME n’est pas qu’un outil de conformité : elle peut devenir un levier de valorisation de la stratégie RSE. En s’appuyant sur la structure du reporting, la PME peut raconter son histoire, mettre en lumière ses actions concrètes, donner la parole à ses parties prenantes, démontrer ses impacts positifs.
la norme VSME représente un formidable outil de structuration interne. Elle permet de :
- Formaliser les engagements RSE autour d’indicateurs pertinents ;
- Piloter les actions grâce à des outils de suivi ;
- Fédérer les équipes autour d’un projet commun, porteur de sens ;
- Communiquer de manière cohérente avec un cadre reconnu.
Le reporting volontaire ne vient pas en remplacement d’une démarche RSE mais en appui pour la formaliser, la rendre lisible et la valoriser auprès des parties prenantes
Comment réaliser son reporting de durabilité
Comprendre la norme et évaluer son niveau de maturité RSE
La première étape pour se lancer dans un reporting de durabilité consiste à poser les bases : comprendre la norme et en identifier les implications concrètes pour l’entreprise.
Cette phase de sensibilisation est essentielle : elle permet d’impliquer les parties prenantes internes, en particulier les directions RSE, financière, RH et juridique, afin d’assurer une appropriation collective des enjeux.
En parallèle, un diagnostic de maturité RSE/ESG doit être mené. Il s’agit d’évaluer le degré d’engagement et de structuration de l’entreprise en matière de responsabilité sociétale :
- Existe-t-il une stratégie RSE formalisée ?
- Des indicateurs ESG sont-ils suivis ?
- Les parties prenantes sont-elles consultées ?
- Les risques liés au développement durable sont-ils identifiés et pilotés ?
Cette étape de compréhension et d’autoévaluation permet de choisir le bon niveau de reporting à engager : un socle initial pour une entreprise en phase de découverte ou un reporting avancé pour une structure déjà bien engagée dans la gestion de ses impacts ESG.
Connaitre ses impacts et ses risques pour prioriser son action : l’analyse de double matérialité
L’un des fondements de la CSRD est l’analyse de double matérialité. Cette démarche consiste à croiser deux dimensions :
- La matérialité d’impact : quels sont les effets des activités de l’entreprise sur l’environnement et la société ?
- La matérialité financière : comment les enjeux ESG influencent-ils la performance et la pérennité de l’entreprise ?
Bien que non obligatoire dans la norme VSME, cet outil stratégique de priorisation des enjeux de durabilité est fortement recommandé. La matrice de double matérialité permet d’identifier les sujets ESG prioritaires et d’évaluer leurs impacts financiers et extra-financiers pour l’entreprise et son écosystème.
Cette analyse renforce la crédibilité de la démarche auprès des parties prenantes, répond aux exigences de reporting des donneurs d’ordre et investisseurs et permet d’anticiper les évolutions réglementaires (reporting obligatoire)
Pour une PME, cette analyse peut sembler complexe, mais elle peut être réalisée de manière pragmatique, avec l’aide d’un outil adapté.

Matrice de double matérialité – VSME
Conclusion
La norme VSME ne constitue pas une contrainte supplémentaire, mais bien une opportunité à saisir. En s’engageant volontairement dans une démarche de reporting structurée, les PME renforcent leur crédibilité, répondent aux attentes de leurs partenaires économiques et se positionnent comme des acteurs responsables.
À mesure que la régulation s’intensifie et que les chaînes de valeur se responsabilisent, le reporting volontaire pourrait devenir un nouveau standard RSE. Adopter la VSME aujourd’hui, c’est prendre une longueur d’avance : en cohérence avec ses moyens, ses ambitions et son impact.
Fanny Durocher, Consultante et Chargée de méthode RSE-CSRD
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